Poissons, crustacés, invertébrés sessiles, notre expérience en matière de reproduction.


Poissons                      Crustacés                      Anémones                      Coraux mous




                 Nous ne vous relatons uniquement dans cette section que notre propre expérience. Le nombre d'espèces traitées ici peut paraitre modeste mais ce "recueil" est le fruit d'un travail de recherche colossal pendant plus de 20 ans; recherche que nous poursuivons actuellement sur de nouvelles espèces.
               Chaque espèce a nécessité la mise en place des géniteurs, l'observation et le développement de techniques d'élevage propres à chacune, avec pour seule source d'information une literrature plutôt restreinte avant la grande révolution apportée par l'arrivée d'internet. La majorité des "recettes" exposée ici a été mise au point de façon empirique après des dizaines et des dizaines d'essais.
                Les méthodes décrites ici sont validées, en ce sens qu'elles ont données des résultats positifs de façon répétée. Elles sont donc reproductibles, et si vous les appliquez chez vous vous pouvez espérer, à la condition d'être tout à fait rigoureux, obtenir des résultats identiques.
                La réussite de la reproduction d'une espèce est à chaque fois source de grandes satisfactions mais également parfois de grandes frustrations devant des échecs inexpliqués. La patience, la persévérance et un solide sens de l'analyse sont des éléments indispensables.


Poissons

Amphiprions                                            Apogons                                            Gramma-loretto



Les Amphiprions

                 L'obtention d'un couple est facile puisqu'en faisant cohabiter deux juvéniles (qui sont toujours des mâles), l'un d'entre eux prendra alors le dessus et se métamorphosera en femelle en quelques mois. Il s'agit ici d'angrogénie protandrique. Si les poissons sont correctement nourris et si le couple jouit d'une relative tranquillité (d'où l'intérêt de les maintenir en bac spécifique), les premières pontes ne tarderont pas à survenir.
                 Les oeufs collés au substrat, surveillés et ventilés par le mâle, donneront naissance en 7 à 8 jours à 25°, à une myriade d'alevins qui écloront peu après l'extinction de la lumière.
                 Les alevins d'Amphiprions sont très fragiles et il est illusoire de tenter de les récupérer par aspiration après l'éclosion dans le bac d'ensemble. En effet, ce type de manœuvre les soumet à de fortes turbulences qui leur seront fatales. Si les géniteurs pondent sur un substrat amovible (petite pierre plate, branche de corail) il suffit de prélever ce substrat et de le placer, sans jamais le sortir de l'eau, dans un petit bac annexe fenêtré, suspendu à l'intérieur du bac principal, dans lequel vous ferez circuler de l'eau à l'aide d'une petite pompe. Vous récupérerez ainsi l'ensemble de la ponte sans manipulations fatales pour vos alevins. Les méthodes parfois décrites consistant à prélever les oeufs sur le substrat à l'aide d'une pipette aboutissent le plus souvent à la blessure de la paroi ovulaire et à la mort de l'alevin avant même sa naissance. Cette méthode nous semble en conséquence à bannir.
                 Vous voici donc avec une bonne centaine d'alevins survivants, vous constaterez, amer, qu'il y a bien 50 à 70% des nouveaux nés qui gisent sans vie sur le fond. Ce pourcentage ne nous semble pas réductible avec les moyens à la disposition des particuliers et ce, malgré toutes les précautions que vous prendrez. Mais occupons nous des vivants.
                 La réserve vitelline des amphiprions est très limitée et s'épuise en quelques heures. Il convient donc de leur distribuer très tôt (dès l'allumage au matin de l'éclosion), le zooplancton dont ils ont besoin. Les rotifères de 80 microns, si possible "enrichis" (c'est à dire ayant baigné 1 heure ou 2 dans une eau additionnée de quelques gouttes de MICROPLAN PREIS) représentent un aliment idéal qui doit être distribué en abondance pendant 3 jours.
                 Vous perdrez pendant cette période et malgré toute votre attention encore environ 50% de vos alevins. Dès le quatrième jour les nauplies d'artémia fraîchement écloses seront rapidement avalées. 80% des alevins vivants à ce stade survivront.
                 La métamorphose intervient aux alentours du 10è jour, l'alevin se terre alors dans un angle du bac, ne s'alimente plus pendant 24 heures et se transforme en un minuscule petit clown, la pigmentation et la première bande blanche céphalique se développent. A 3 semaines, la bande caudale est apparue. La croissance est lente et il vous faudra environ 1 an... (et oui...) pour obtenir des individus de 3 à 4 cm. Si vous êtes méthodiques vous élèverez une trentaine d'alevins par ponte (qui survient tous les 9 à 10 jours à 26°), une vraie petite pisciculture...





                   Expérience d'aquaculture intensive


                Nous employons le terme de "intensive" par opposition à l'aquaculture extensive qui consiste à élever les larves dans des bacs de volume important.

            

1- Problématique

                Travaillant sur la reproduction des espèces marines tropicales en environnement urbain et au sein d'une structure non professionnelle (comprenez donc de petite taille et pleine de bricolages divers), nous nous sommes vite trouvés limités par la place et l'impossibilité entre autres de produire du plancton en grosse quantité.
                Partant du principe intuitif que les larves de poissons avaient probablement plus besoin de nourriture et d'eau de bonne qualité que d'espace, et poussés dans cette direction par une pénurie temporaire en zooplancton nous décidâmes un beau matin de placer six larves d'Amphiprions percula éclos la nuit précédente dans un petit pot transparent du volume d'une tasse à café.

2- Méthodologie de l'expérience:

                Nous voici donc avec 6 larves placées dans moins de 50 ml d'eau composée de 50% d'eau de qualité irréprochable (ce qui n'était pas le cas de l'eau du bac des géniteurs dans laquelle l'éclosion eut lieu), 30% de l'eau d'origine et 20% de culture d'algue.
                Tous les changements d'eau se font bien entendu à T° équilibrée, densité identique et très lentement (nous ne reviendrons pas dessus, c'est du pré-requis !!!) Les pots ne sont ni filtrés ni même aérés, nous comptons sur la présence d'algue pour produire de l'O2 en période diurne et nous abaissons le niveau d'eau dans les pots à 1 cm de hauteur en période nocturne comptant sur l'oxygénation naturelle par diffusion dans cette couche d'eau mince. On ajoute enfin des rotifères (la quantité nécessaire ici est donc très faible, nous utilisons le filtrat d'environ 10 cl de culture de rotifères) nous n'avons pas pratiqué de comptage précis mais on peut évaluer la densité de rotifères dans le "pot d'élevage" à 100/ml environ. Il est procédé matin et soir à un changement d'eau de 50% dans la proportion de 80% d'eau neuve et 20% de culture d'algues. De nouveaux rotifères sont ajoutés chaque matin de J1 à J6, des nauplies d'artémia fraîchement écloses sont ajoutées de J3 à J7.

3- Suivi de l'étude:

J1 6 alevins vivants et en bonne santé
J2 6 alevins vivants, 4 en parfaite santé, actifs, coloration gris clair (témoin de leur bonne santé) 2 amaigris, peu actifs, coloration noir
J3 6 alevins vivants, 2 toujours de couleur sombre et plus maigres mais actifs 1 alevin absorbe des nauplies d'artémia
J4 au matin 6 alevins vivants, tous de couleur gris clair/orangé, abdomen pléthorique
J4 au soir 5 alevins en pleine forme, absorbent des nauplies d'artémia, 1 alevin très amaigri et de couleur noire (son avenir semble compromis)
J5 5 alevins vivants, dont 1 plus petit et plus maigre, absorbent tous des nauplies d'artémia
J6 5 alevins vivants, en bonne forme


                La phase critique de démarrage étant terminée, les 5 alevins seront transférés demain dans un petit bac de croissance avec circulation d'eau filtrée.

            

4- Analyse des résultats:

                Nous avons donc obtenu une survie de 83%, avec une croissance rapide des alevins en n'utilisant qu'une quantité très limitée de plancton, d'eau et d'espace. Ces excellents résultats (eu égard aux conditions d'élevage peu orthodoxes...) sont très probablement en rapport avec la densité et la qualité de l'alimentation planctonique offerte dans ces faibles volumes. L'objectif initial de cette expérience était de prouver que l'élevage d'Amphiprion percula était à la portée de l'amateur averti même s'il ne disposait que de modestes moyens techniques.

                L' objectif secondaire est de sélectionner des alevins résistants à des conditions d'élevage pour le moins rustiques, en espérant obtenir une souche dont l'élevage sera facilité par la tolérance des larves. Ceci ouvrant la porte à l'espoir d'un élevage en grosse quantité avec un faible prix de revient, afin de pouvoir proposer aux revendeurs des poissons à un prix inférieur à ceux pêchés en milieu naturel, notre objectif étant toujours de permettre aux aquariophiles d'assouvir leur passion tout en préservant au maximum les milieux naturels.



      


Les Apogons

                 Une autre famille, les Apogons, pondent couramment dans un bac peuplé d'oursins diadème. Il s'agit de poissons robustes, peu exigeants tant sur le plan de la qualité de l'eau que sur le volume qui leur sera alloué (200 Litres reste malgré tout un minimum).
                 Le problème avec les représentants de cette famille est l'obtention d'un couple, aucun dimorphisme sexuel ne permettant la distinction. D'autre part le comportement intraspécifique très agressif entre mâles ne permet pas la maintenance (sauf dans de gros volumes) d'un groupe d'individus. La solution consistera, soit à isoler un couple constitué identifié, soit à introduire 2 individus simultanément et en cas de bagarre, remplacer l'un des deux par un nouveau, jusqu'à l'apparition d'un comportement tolérant. Vous êtes alors très probablement en possession d'un couple.
                 Il faut maintenir avec ce couple un ou plusieurs oursins diadèmes, indispensable refuge des futurs alevins. La ponte a lieu le soir, et au matin on pourra constater que l'un des parents, traditionnellement décrit comme le mâle, garde dans sa bouche les oeufs. Une observation pratiquée à l'aquarium de La Rochelle semble cependant démontrer le contraire, son auteur ayant pu assister à la ponte du couple et à la récupération des oeufs par la femelle. Il (ou elle...) pratiquera l'incubation buccale pendant environ 25 jours, période au cours de laquelle un jeûne absolu sera alors observé.
                 Un beau matin, vous pourrez constater la présence de 15 à 30 alvins, déjà métamorphosés entre les épines des oursins diadèmes. Le recueil des alevins est facile puisqu'ils ne quittent jamais leur oursin. Il suffit de placer celui-ci délicatement dans une petite cuve en plastique fenêtrée de toile technique (sans le sortir de l'eau bien entendu) et les alevins suivront. Cette petite cuve sera accrochée sur le rebord du bac de maintenance des parents et il faudra y faire circuler l'eau du bac à l'aide d'une petite pompe annexe. La taille des alevins étant suffisante dès le démarrage, leur nourrissage se fera simplement avec des nauplies d'artémia fraîchement écloses.



      


Gramma-loretto

                 Il s'agit d'une espèce pour laquelle la réussite est probablement à portée de main pour les particuliers. Il est à noter que ce poisson semble avoir été déjà élevé avec succès au sein de structures professionnelles. Nous n'avons cependant jamais rencontré de spécimens issus d'élevages chez les détaillants...
                 Nous avons obtenu des pontes régulières , tous les 10 jours environ, de la part d'un couple que nous maintenions depuis quelques mois seulement. La réputation d'agressivité intraspécifique de ce poisson amène malheureusement peu d'aquariophiles à tenter de constituer un couple.
                Suite aux nombreuses rencontres avec cette espèce en milieu naturel dans la zone Caraïbe, nous avions toujours constaté qu'ils vivaient en groupe de 5 à 6 individus, évoluant ventre en l'air, plaqués contre le toit d'une petite zone caverneuse. On constate toujours la présence d'un individu de grande taille, cohabitant avec les autres, plus petits de moitié environ. Tous les individus du groupe se réfugient à la moindre alerte dans les interstices naturels de la roche.
                 Fort de ces observations nous fîmes l'acquisition simultanée de deux individus, l'un de 6 cm et l'autre de 3 cm. Ils furent installés dans un bac communautaire de 600 L au sein duquel siégeait un volumineux squelette de corail, remontant jusqu'à effleurer la surface. Ce corail avait l'avantage de présenter de multiples petites failles et interstices. Dès l'introduction des deux spécimens, le madrépore fut immédiatement investi. Il y eut au début, certes quelques chamailleries, mais rien de bien grave, les deux individus se tolérant sans problèmes. Rapidement le plus gros des deux commença à bâtir un nid en récupérant tout ce qu'il pouvait utiliser (perlon arraché dans les cloches des pompes de circulation, brins de caulerpes, etc...). Le plus petit rentrait régulièrement dans le nid mais nous n'avions alors rien constaté de plus.
                Un matin, alors qu'un petit tuyau approvisionnait en eau par siphonnage depuis le bac d'ensemble un petit bac d'élevage suspendu dans la décantation au sein duquel nous maintenions des alevins d'amphiprions âgés de 15 jours environ, quelle ne fut pas notre surprise d' observer la présence d'une dizaine d'alevins, de morphologie allongée et d'une taille de 3 mm environ. C'était clair les Grammas pondaient. Nous ne sommes pas parvenus à élever ces larves, faute de plancton adapté à leur taille minuscule. L'observation du couple pendant les semaines qui suivirent nous permit de déterminer que le plus gros individu est le mâle, le petit voyant son abdomen subir des variations de volume régulières, témoin des cycles de ponte. La femelle ayant malheureusement péri accidentellement quelques semaines plus tard l'expérience s'est arrêtée ici,... pour le moment...



      



Crustacés

Palaemon serratus           Clibanarius tricolor             Lysmata amboinensis            Sténopus Hispidus             Lysmata wurdermani



Palaemon serratus

                En ce qui concerne les crustacés, l'initiation pourra passer, avec un succès motivant assuré, par la reproduction de......., la "crevette rose" ou "bouquet" (Palaemon serratus), endémique des flaques de notre littoral atlantique ou méditerranéen découvertes à marée basse. Le maintien de quelques individus d'une taille de 3 à 4 cm aboutira en quelques semaines à la ponte suite à une mue. Les oeufs, conservés sous l'abdomen de la femelle donneront naissance en 12 jours environ à 20°, à quelques centaines de larves, libérées en pleine eau, peu de temps après l'extinction de l'éclairage.
                 Le recueil et l'élevage des larves est facile, celles-ci étant photophiles, il suffit d'approcher une source de lumière d'un angle du bac pour les voir venir s'agglutiner à proximité. Un simple siphonnage permet d'en recueillir quelques dizaines. Ne vous laissez pas tenter par le ramassage de toutes les larves, la surpopulation dans le bac d'élevage se solderait par un échec. Les larves juste écloses supportent le changement d'eau sans précaution particulière à condition de respecter la salinité et la température.
                 Placez vos nouveaux nés dans un bac d'élevage ou tout simplement dans un récipient contenant de l'eau verte, sans qu'il soit nécessaire de filtrer !!! Brasser suffisamment pour éviter que les larves ne se déposent sur le fond, ce qui aboutirait à leur mort par asphyxie.
                 Dès leur naissance elles absorbent absolument tout ce qui est mangeable, depuis le phytoplancton jusqu'aux nourritures inertes en suspension. Le mieux étant de leur fournir en quantité des nauplies d'artémia. Elles s'accommoderont de cette nourriture jusqu'à la maturité qui survient rapidement, au fil de mues successives. Au bout de 7 semaines environ elles auront atteint le stade sub-adulte et vous aurez obtenu de mini crevettes de morphologie adulte et d'une taille de 1 cm. A partir de ce stade les jeunes crevettes seront traitées comme des adultes. Cette espèce rustique, supportant des conditions d'élevage spartiates vous permettra de vous frotter à la technique de la reproduction des crustacés.


      


Clibanarius tricolor

                 Avec Clibanarius tricolor (le bernard-l'ermite à pattes bleues), vous vous frotterez à une espèce dont la reproduction reste facile mais nécessitera de plus amples précautions que la précédente. C'est une excellente transition avant de vous attaquer aux espèces réellement difficiles. La possession d'un couple passera ici par la détention de plusieurs individus, le dimorphisme sexuel étant inexistant. Comme pour les crevettes, les larves sont rejetées en pleine eau après l'extinction de l'éclairage. Photophiles, elles seront recueillies par aspiration à proximité d'une source lumineuse ponctuelle. Ici encore, le changement d'eau est bien supporté par la larve juste éclose. Celles-ci serons placées dans un bac d'élevage au sein duquel la circulation d'eau assurera le renouvellement en eau filtrée (CF "matériel, les bacs d'élevage") .
                Les larves acceptent dès le début les nauplies d'artémia fraîchement écloses. Il s'agit de larves trapue, actives nageant près de la surface. Les pattes sont courtes et animées de mouvements natatoire très rapides. Au fil des mues successives la larve va grossir, elle prend en quelques jours une coloration gris-bleutée. Au bout de 2 mois environ une première métamorphose va s'effectuer, donnant naissance à un petit bernard-l'ermite de 7 mm environ, de coloration uniformément rouge et possèdant deux grosses pinces, lui donnant une allure de mini langoustine. Il faut alors leur fournir de mini-coquilles sans lesquelles les combats sans merci entre les individus aboutiront en quelques jours à la perte de tous vos spécimens.
                 Des coquilles adaptées à leur taille seront récupérées en triant une petite poignée de sable de corail. Les coquilles ainsi fournies sont quasiment immédiatement investies après une rapide exploration de la cavité. Ne ratez pas ce spectacle cocasse et incongru. Veillez à laisser au fond du bac des coquilles vides de plusieurs tailles afin de permettre la croissance de vos jeunes.
                La mue suivante sera le théâtre de l'ultime métamorphose, elle surviendra après 7 à 10 jours et donnera alors naissance à un petit C. tricolor de 1 cm, réplique exacte de ses parents. Les individus seront alors placés dans un petit bac spécifique garni de sable et quelques roches. L'alimentation sera désormais identique à celles des adultes, ils absorbent maintenant toutes les substances organiques qui reposent sur le sol.





      


Lysmata amboinensis

                Les véritables difficultés commencent avec Lysmata amboinensis. L'obtention de la ponte et de larves est aisée, il suffit pour cela de maintenir deux individus. Cette espèce est hermaphrodite simultanée, c'est à dire que les individus produisent à la fois des gamètes mâles et femelles. Ceci vous permettra d'obtenir deux crevettes porteuses d'oeufs simultanément. En revanche l'auto-fécondation n'est pas possible et un individu maintenu seul ne donnera pas d'oeufs sauf si celui-ci a été précédemment fécondé par un congénère. En effet, il semble que les crevettes puissent conserver un certain temps les gamètes mâles d'un autre individu et ainsi s'auto-féconder à plusieurs reprises. Ce phénomène est cependant épuisable et au bout de 3 à 4 pontes fécondes, si le crustacé continue bien à pondre des oeufs après chaque mue, ceux-ci ne semblent pas viables, car la crevette les dévore au bout de 1 à 2 jours.
                L'incubation ventrale dure 14 jours environ à 25° et les larves sont libérées en pleine eau peu de temps après l'extinction de la lumière. Les larves photophiles, nagent activement et seront recueillies sans problèmes par aspiration à proximité d'une petite source lumineuse. Ici encore, les larves supportent sans problème le changement d'eau sans précaution particulière. Elles dévorent sans ménagement et immédiatement des nauplies d'artémia fraîchement écloses.
                La larve naît au stade de mysis et a déjà la morphologie d'une mini-crevette. La nage est active grâce aux battement incessants de longues pattes abdominales. Uniformément blanches à la naissance, les larves se pigmentent rapidement de rouge et cela d'autant plus tôt qu'elles auront absorbé des artémias. Placées en eau verte, l'observation à la loupe binoculaire permet de constater qu'elles absorbent également le phytoplancton, comme en témoigne alors la couleur verte du contenu abdominal.
                Nous avons effectué avec cette espèce de nombreuses tentatives d'élevage, tantôt en eau verte, en présence abondante de rotifères et de nauplies d'artémia, tantôt en eau claire filtrée, toujours en présence d'une abondante quantité de zooplancton. Les tentatives menées en eau verte ne nous ont jamais permis de dépasser l'âge de 1 mois pour les jeunes larves, ce qui ne nous surprend pas eu égard à la pollution azotée qui se développe au sein des bacs non filtrés et qui, chez nous, n'a absolument pas été absorbée par le phytoplancton présent contrairement à ce qui a été décrit dans certains articles. Les tentatives menées sur des bacs remplis d'eau verte filtrée uniquement sur sable de corail "vivant" provenant d'un filtre rodé n'ont pas eu plus de succès...
                Le meilleur espoir réside à notre sens sur l'élevage en eau claire, D°1025; ° 26°; éclairage tamisé 13 h/24, filtration et écumage conforme à la description faite à la page "MATERIELS", Sels REEF CRISTAL, eau osmosée ou eau minérale "zéro nitrates". C'est ainsi que nous avons obtenu une évolution larvaire passionnante, probablement jusqu'à la dernière étape avant la métamorphose, les sujets étant mort accidentellement à ce stade en raison d'une longue coupure d'électricité...



      


Sténopus hispidus

                Les choses vont encore se corser avec Sténopus hispidus. Ici le couple comporte un mâle et une femelle bien distincts. La femelle, un peu plus grosse et plus trapue que le mâle, est parfois repérable à la masse verdâtre présente dans le céphalothorax, correspondant à des oeufs en attente d'être pondus après la prochaine mue.
                On rencontre cette crevette dans toutes les mers tropicales, mer rouge, océan indo-pacifique en passant par l'atlantique tropical, en zone caraïbe. Elle vit en couple, dans de petites grottes, très souvent associée à une murène dont elles assurent l'hygiène dentaire.
                Il est préférable d'acquérir un couple formé car nous ignorons si le maintien de deux juvéniles aboutit forcément à la formation d'un couple. Comme chez tous les crustacés, le cycle des pontes suit celui des mues de la femelle. On observe une ponte tous les 14 à 15 jours à 26°.
                Les larves sont également photophiles. Comme celles de Lysmata ou de Palaemon les larves dévorent immédiatement les nauplies d'artémia et absorbent le phytoplancton. Leur morphologie est plue trapue et elles sont plus petites que les larves de Lysmata. La nage est active les premiers temps, mue par le battement très rapide de courtes pattes abdominales. Au bout de 8 jours environ la nage active disparaît et la larve se dépose sur le fond où elle meurt si elle n'est pas maintenue en suspension par un brassage suffisant. Nous n'avons pour le moment jamais réussi à dépasser l'âge de 2 mois.Il est probable que l'alimentation basée exclusivement sur les nauplies d'artémia ne lui convienne pas. Les rotifères enrichis avec un phytoplancton adapté seront essayés lors de nos prochaines tentatives.



      


Lysmata wurdermani

                Lysmata wurdermani est une petite crevette de morphologie proche de Palaemon serratus, de robe finement striée de rouge. Elle est principalement originaire de l'Atlantique occidental où on la rencontre en grande quantité dans l'embouchure des ports. Elle est particulièrement appréciée par les récifalistes car elle mange les Aiptasia, petites anémones parasites, extrêmement prolifiques, des aquariums récifaux.
                Son comportement à ce propos est assez variable mais si on ne la nourrit pas, elle consommera progressivement toutes les Aiptasia de votre bac. Il faut être patient, l'opération prend plusieurs semaines...
                Comme Lysmata amboinensis, elle est hermaphrodite simultanée, le cycle de ponte est également identique. Les larves seront recuellies de la même façon que pour les crustacés déjà décrits.
                Nous élevons cette crevette avec succès (c'est à dire jusqu'à l'obtention d'adultes eux mêmes rapidement porteurs d'oeuf) depuis 2008. Le protocole est assez simple mais nécessite d'être rigoureux et disponible, en effet toute pénurie alimentaire entraine un canibalisme quasi immédiat capable de réduire à néant toute une portée en quelques heures.
                Les larves une fois recueillies sont placées dans des bacs d'élevage de 1 litre, aérés avec un tuyau à air sans diffuseur assurant un bullage au rythme de 1 bulle par seconde environ. On leur apporte en quantité des nauplies d'artémia et des rotifères enrichis. 30% du volume d'eau sera changé matin et soir et il est nécessaire de siphonner délicatement le fond des pots 2 fois par jour afin d'éliminer les larves mortes et les restes de nauplies d'artémias car les larves de Lysmata ne les dévorent pas entièrement, elles les "sucent", les vidant de leur contenu et abandonnent ensuite la cuticule. Leur accumulation est une source de pollution majeure, responsable de pics de mortalité brutaux.
                La première mue a lieu dans la nuit du 3è au 4è jour. Il s'agit d'une simple mue de croissance. Dans la nuit du 10è au 11è jour on observe la première mue de métamorphose, les yeux jusqu'ici collés à la tête s'en éloignent et sont dorénavant reliés à la tête par un pédicule occulaire. Au décours de cette métamorphose sont également apparus les maxillipèdes postérieurs, immobiles, qui permettent à la larve de s'équilibrer tête en bas et probablement, dans le milieu naturel, d'être portée par les courants marins. Cette étape est extrêmement délicate pour les jeunes larves et la moindre trace de pollution ou la moindre sous alimentation se soldera par une mortalité massive.

                La croissance se déroulera ensuite sans grande modification morphologique si ce n'est l'allongement des maxillipèdes et des antennes jusqu'à la prochaine métamorphose qui surviendra entre 4 semaines de vie pour les plus précoces et 7 semaines pour les plus tardives. Cette métamorphose sera le théatre de grandes modifications morphologiques de la larve qui va perdre ses maxillipèdes qui vont êtres remplacés par de véritables pattes thoraciques. Les pléopodes abdominaux sont maintenant bien visibles. A ce stade, la larve ne nage plus, elle est devenue benthique, les yeux sont encore très écartés de la tête.

                La métamorphose finale ne va pas tarder, quelques jours plus tard vous constaterez un matin que vous êtes l'heureux propriétaire de véritables juvéniles, réplique exacte de leurs parents, les yeux sont maintenant collés à la tête, comme chez les individus adultes. Il convient à ce stade de poursuivre la distribution de nauplies d'artémia car le réflexe de recherche de la nourriture au sol n'apparaitra qu'au bout de quelques jours.
                
Un point important est de fournir aux larves et aux jeunes crevettes de nombreuses cachettes (de petits morceaux de tube plastique de 6 à 7 mm de diamètre disposés au fond du bac d'élevage feront parfaitement l'affaire). Il est enfin préférable de séparer les jeunes crevettes des larves car de façon assez surprenante ces dernières sont très agressives envers les juvéniles tout juste métamorphosées, parvenant parfois à les tuer et même à les dévorer.



      





Anémones

Actina equina                                 Entacmea quadricolor



Actina equina

                Actina equina, communément appelée anémone tomate, est une anémone d'eau froide. On la rencontre couramment sur le litoral atlantique et méditéranéen. Elle tient son surnom du fait qu'à marée basse elle reste émergée de longues heures refermée sur elle même, lui donnant un aspect de tomate d'autant plus flagrant qu'il s'agira d'un individu de couleur rouge. La teinte varie, selon les individus, du rouge au vert en passant par le jaune et le marron. Le diamètre du pied des adultes se situe entre 3 et 5 cm.

                La maintenance est facile dans un bac marin de type méditéranéen, il est possible de les maintenir en bac tropical mais celà n'est pas souhaitable car leur survie ne dépassera alors pas une année, d'autre part les associations d'animaux provenant de biotopes totalement différents n'est d'une façon générale pas recommandée en aquariophilie.
                La reproduction est très fréquente, les individus maintenus en aquarium ne tarderont pas à expulser par l'orifice buccal de minuscules rejetons de 2 à 3 mm de diamètre, de morphologie identique aux adultes, qui vont immédiatement se fixer au décors et démarrer une existence totalement autonome.

      


Entacméa quadricolor

                 Communément appelée anémone bulle en raison du renflement fréquent bien qu'inconstant de l'extrêmité distale de ses tentacules, Entacméa quadricolor est une anémone facile, se satisfaisant d'un éclairage moyen et de qualités d'eau non récifales. Elle se divise volontiers spontanément.
                 Les facteurs induisant sa multiplication sont mal cernés bien qu'il semble que les stress (changement brutal de la qualité de l'eau, diète brutale après une phase de nourrissage abondant de plusieurs semaines) soient des facteurs inducteurs. Il est fréquent de la voir coloniser en quelques mois une bonne partie du décors.
                 Les Amphiprions, en particulier ceux issus de l'élevage la colonisent volontiers.